Auvers : des bénévoles font revivre le bateau-atelier de Daubigny
Le peintre avait racheté une embarcation pour peindre sur l’eau. La future réplique intégrera un parcours touristique sur les traces du pré-impressionniste.
La coque est arrivée à Auvers-sur-Oise depuis la mi-juillet. Armés de planches et de marteaux, des bénévoles de la commune se chargent de finir le montage d’un étrange bateau-atelier dans les locaux techniques municipaux. Leur mission : faire revivre l’histoire. En l’occurrence, celle de Charles-François Daubigny, peintre précurseur de l’impressionnisme, dont on fête cette année le bicentenaire de la naissance. « A Auvers, on parle beaucoup de Van Gogh, mais beaucoup moins de Daubigny qui y a pourtant vécu », regrette Philippe, l’un des membres du chantier. Avec Jean-Claude, Hervé, Dominique et les autres, ils s’attellent à réparer l’injustice. « Joindre le culturel et le bricolage, c’est ça qui me plaît », confie Philippe.
En 1857, avant même qu’il n’installe son atelier à Auvers, Charles-François Daubigny acquiert un bateau. Le maître veut ainsi se rapprocher de l’eau, qu’il aime particulièrement représenter. Il fait aménager une « cabane » sur cette embarcation, pour pouvoir y peindre et même y dormir. Sa démarche sera ensuite imitée par un certain Claude Monet… L’île de Vaux, dans le quartier de Chaponval, deviendra le principal port d’attache de ce bateau appelé « le Botin ». Daubigny peindra beaucoup à bord de cette embarcation et entreprendra même parfois de longs périples jusqu’en Normandie.
C’est ce navire pas comme les autres qui est en train d’être reconstruit, grâce à l’association de trois partenaires : la ville d’Auvers, l’association Sequana (basée à Chatou dans les Yvelines et spécialisée dans la restauration et la reconstitution de bateaux historiques) maître d’œuvre du chantier et les descendants du peintre. La famille Raskin-Daubigny a fourni toutes les archives permettant d’imaginer comment était ce petit navire.
La coque a été réalisée par des élèves de l’école Motiv’Action, en formation de charpentier de marine, dans les environs de Nantes (Loire-Atlantique). Pendant ce temps, les huit bénévoles d’Auvers ont confectionné la « cabane ». Ils sont à présent en train d’assembler cet élément à la coque, désormais arrivée à destination, le tout sous la direction des experts de Sequana. Le bateau-atelier doit être présenté au grand public en septembre, lors des Journées du patrimoine. Il sera alors exposé sur la place de la mairie.
« L’idée, c’est de faire de ce bateau un objet de visite touristique », explique Laurent Olivier, directeur du service culturel de la ville. L’embarcation doit être mise à l’eau à terme, près du pont de Méry-sur-Oise, au niveau du futur « belvédère » que souhaite aménager la municipalité. « Il sera ainsi visible et accessible », complète Laurent Olivier. « Le bateau sera intégré dans des circuits de visite une partie de l’année. Car bien sûr, il ne pourra pas rester à l’eau tout le temps. »